Le protectionnisme en perspective

Publié le par Dominique Pascaud professeur en CPGE au Lycée du Parc (Lyon)

 

Jean Pierre Dormois, La défense du travail national ? L’incidence du protectionnisme sur l’industrie en Europe, 1870-1914,

Compte rendu par Dominique Pascaud professeur en CPGE au Lycée du Parc (Lyon)

                                                                                                                       

 

 La petite musique entêtante des sirènes protectionnistes a toujours accompagné en sourdine les progrès de la mondialisation, mais la crise actuelle semble donner un mégaphone aux partisans de politiques nationales vouées à la protection de l’emploi dans les pays développés.

Cette question du protectionnisme a été largement débattue par de nombreux économistes, Jean Pierre Dormois la remet sous le métier de l’historien en s’attaquant à ce qui semblait être un acquis depuis les travaux de Paul Bairoch : au fil de la deuxième industrialisation, les politiques protectionnistes auraient favorisé une croissance allemande en rattrapage alors que la fidélité obstinée au libre échange aurait contribué à l’affaiblissement du Royaume Uni.

 

Bien sûr, à l’instar de la fin du XIX° étudiée par JP Dormois, aujourd’hui ce sont moins les tarifs douaniers, obérant le prix des marchandises, que la profusion d’obstacles non tarifaires qui forment le cœur des attitudes protectionnistes. La question en débat reste cependant toujours celle de savoir si les pays qui se dotent d’un arsenal protecteur (ou plus pudiquement dit, d’une politique commerciale) pénalisent les progrès de leur économie, en particulier de leur industrie, ou s’ils favorisent sinon la croissance du moins l’emploi national.

 

La thèse de l’auteur (résumé de l’article) :

 

A rebours de ce que défendait P. Bairoch, les effets du protectionnisme au cours de la « première mondialisation » ont été le plus souvent négatifs pour la croissance … et pour les budgets ouvriers, ponctionnés de fait, selon les estimations de JP Dormois d’une dizaine de jours de salaires par an.

Les progrès  réels de l’Allemagne à la fin du siècle doivent tout à l’innovation et très peu aux tarifs; elle aurait plus profité de la période d’ouverture commerciale qui s’ouvre avec la  mise en place du Zollverein (1848) que du tournant protectionniste du nouveau Reich unifié après 1871.   


Pour approfondir :

Jean Pierre Dormois, La défense du travail national ? L’incidence du protectionnisme sur l’industrie en Europe, 1870-1914, Presses Université Paris-Sorbonne, 2009, 413 pages.

 

Pour retrouver l’argumentation d’une des cibles de JP Dormois :

Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, La Découverte, 1999 (voir le chapitre 4 : « L’impact du protectionnisme fut-il toujours négatif ? »

 

Pour lire en intégralité le compte rendu de l’ouvrage de JP Dormois effectué sur le service de presse du  site des Clionautes par Dominique Pascaud :

http://www.clionautes.org/spip.php?article2454

 

Pour revenir aux débats actuels, une prise de parti :

Deux vidéos d’une conférence-débat organisée en mai 2009 par l’agence intellectuelle TELOS et le Centre d'études européennes de Sciences-Po autour de Pascal Lamy, DG de l'OMC sur le thème « Face à la crise : pourquoi le protectionnisme n'est pas la solution ?

http://www.telos-eu.com/fr/article/face_a_la_crise_pourquoi_le_protectionnisme_nest

 

 

 

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H
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